Villageois
En toute logique... nous avons ici la caste rassemblant les habitants du village. Le plus souvent assez pauvres, paysans, cultivateurs ou à la tête d'un cheptel de bétail, ils mènent une existence rude et tournée vers la terre. Quelques uns se sont un peu "élevés" dans la hiérarchie et tiennent un commerce, telle la Taverne de la Lune Noire. Malgré l'apparence insignifiante de cette catégorie de gens - que les nobles nomment volontiers "gueux", "cafards" ou "pourceaux" -il existe des célébrités locales issues de cette caste. La famille Chastel par exemple est connue dans tout le Gévaudan. Cela dit, les personnages issus des castes supérieures jouissent de leur pouvoir sur ces petites gens et ne leur montrent souvent que mépris et condescendance. Il n'y a que les Étrangers pour être plus bas que les villageois. Caste la plus peuplée, elle n'est jamais épargnée par la maladie, la famine ou les catastrophes climatiques. Une maison en bois résiste mal au feu. En pierre, ce seront glissements de terrain et éboulis suite aux orages qui frapperont durement les familles... etc. Ce sont les hommes qui ont le pouvoir de décision dans les familles, qui travaillent le plus dur et beaucoup abusent de la bouteille le soir venu. La vie est régie par le travail aux champs ou à la ferme, ainsi que par les principes religieux. Peu de villageois sont lettrés et éduqués, c'est même une rareté vue d'un mauvais oeil par les jaloux et les ignorants. Aussi craignent ils presque tous le Diable et le jugement divin, ce qui offre au clergé un pouvoir de manipulation non négligeable. Que dire de plus, si ce n'est que l'arrivée de la Bête les terrorisent mais qu'ils tentent de faire face tant bien que mal. La vie doit continuer, sans quoi leurs maigres ressources ne leur permettraient de survivre bien longtemps.
Noblesse
Par le sang, ils ont hérité de terres sur lesquelles vivent des serfs, dont les villageois. Par l'éducation, ils ont reçu la morgue, la conviction de leur supériorité sur les petites gens et un goût prononcé pour l'apparat, la débauche, le pouvoir, l'argent, l'intrigue. La noblesse est un monde à part, obéissant à des codes séculiers, qu'on inculque aux enfants dès leur plus jeune âge. Et il vaut mieux avoir de l'entraînement pour survivre dans ce nid de vipères. De la cervelle aussi, les jeux de dupe et les trahisons étant monnaie courante. Un noble à tout pouvoirs sur ses subordonnés et les nantis ne se privent guère d'en user, voire d'en abuser. Mais attention, le tout avec un minimum de discrétion sur certains sujets... sensibles. Il ne faudrait surtout pas entacher le blason et la réputation de la famille. Un noble n'entretiendra aux yeux du monde qu'une seule relation galante, se mariera le plus rapidement possible et aura respecté la virginité de la fiancée jusqu'aux noces. Où il lui promettra fidélité. Ce qui ne l'empêchera pas de sauter sur tout ce qui bouge derrière les portes closes, de jouer de menaces et du droit de cuissage pour prendre une paysanne, ... Les bâtards sont nombreux en Gévaudan. La noblesse entretient des relations étroites avec le Clergé. Ceux là sont quasi une hydre à deux têtes, tellement les premiers se font la vitrine des bonnes meurs prêchées par les seconds. Mais la vérité est toute autre et chez les biens nés, le vernis de piété cache les pires péchés.
Clergé
Qu'on apprécie ou méprise l'Église, cette caste détient un pouvoir incroyable. Tous se plient à leurs directives, des nobles aux pires des gueux. Officiellement du moins. Et il est vrai que même au sein du clergé, les lois divines sont souvent contournées. L'influence des curés et autres religieux dans les régions campagnardes comme Gévaudan est phénoménale. Ce sont eux les véritables décisionnaires, les plus instruits et les plus redoutés. Entre autre car censés être proches de Dieu, ils sont ceux qui connaissent la voie à suivre pour échapper à l'Enfer et ses flammes éternelles. Beaucoup jouent de la peur qu'ils inspirent aux moins éveillés, quelques uns sont réellement dévoués à Dieu et à la communauté. L'Église s'est faite forte de chasser les hérétiques, les soit disant sorcières et rebouteux ont donc été élevés au premier rang des candidats à la torture et au bûcher. Et les soldats de Dieu s'arrangent toujours pour que les aveux concordent avec leurs accusations, soyez-en certains. Mieux vaut donc éviter de se mettre un membre du clergé à dos. Ils jouissent d'une impunité encore plus étendue que celle des nobles, ce qui n'est pas peu dire et sont aussi riches, voire plus, que les plus influents seigneurs. Beaucoup de jeunes gens désirent entrer dans les ordres pour cette raison et un curé se trouve rarement sans un clerc apprenti à ses côtés, si ce n'est plusieurs.
Notables
Ni nobles ni moins que rien, les notables sont un peu la middle-class de l'époque. Avocats, intendants de la cour du roi, créanciers... ils exercent divers métiers et côtoient toutes les sphères. Ce sont des gens généralement bien éduqués, même s'ils ne sont pas aussi lettrés qu'un seigneur ou un membre du clergé. Ils ont parfois une influence importante sur la communauté, bien qu'ils soient plus des pions que des décideurs, hormis lorsqu'ils exercent un poste de grande importance comme c'est le cas par exemple des délégués royaux. Parfois, ce sont même des "petits" nobles d'ailleurs, issus d'une famille désargentée ou ayant perdu les faveurs de la cour et désireuse de se faire bien voir. Quoi qu'il en soit, les notables se sentent toujours supérieurs aux villageois ou aux étrangers et se pavanent bien souvent comme s'ils étaient de grands seigneurs. Le désir de grappiller un peu plus d'argent et de pouvoir les poussent à se salir les mains pour les nobles ou les religieux et il n'est pas rare qu'un notable tombe à la place d'un nanti ayant commandité quelconque acte illégal. Beaucoup méprisent cette classe intermédiaire peuplée d'arrivistes et d'opportunistes, qu'on entend volontiers nommés "les vers" ou "les blattes" par nobles et villageois.
Dragons
Les "dragons de Duhamel", comme on les appelles couramment, sont une escouade de soldats d'élite rattachée à l'armée du Roi de France. On les envoient de par le royaume régler des situations complexes, quand ce n'est désespérées. Ces hommes sont parmi les meilleures lames du royaume et se comportent en conséquence : où qu'ils prennent quartiers, ils agissent comme en terre conquise et s'arrogent tous les droits. Ce qui a le don d'agacer les nobles et de révolter la populace. Les dragons sont d'ailleurs très impopulaires depuis les abus en vin et en chairs qu'ils commirent durant la guerre contre les Camisards. Leur commandant, le général Duhamel, entend bien leur serrer la vis cette fois et vaincre la bête, afin de redorer la réputation de son contingent. Les soldats qui forment le corps de Dragons sont tous français, bien que d'horizons sociaux divers. Ils ont cet esprit de "famille" chevillé au corps, sont souvent célibataires et considèrent chaque autre soldat de l'équipe comme un frère. Leur solidarité est un de leurs points forts, de même que leurs aptitudes de tacticiens et leur âpreté au combat. Ils ont généralement été recrutés après des années de services et quelques faits d'armes remarquables. Rares sont les petits jeunots à être incorporés dans cette escouade de vétérans.
Étrangers
Le terme parle de lui-même... Ce sont tous les gens de passage au village et qui ne sont pas de la région, voire du pays. Mais attention ! nous ne sommes pas dans le Pacte des Loups hein... vous aurez quelques difficultés à faire passer la venue d'un japonais ou d'un syrien dans le trou paumé du Gévaudan, soyez en certain. Sachez aussi qu'un étranger, dans une région aussi campagnarde et recluse, ne sera que très difficilement accepté. Les villageois gardent en général une méfiance confinant à la paranoïa envers eux. Quant aux nobles ou autres personnes influentes, s'ils peuvent se servir d'eux de quelconque manière, ils ne s'en priveront guère. Qui regrettera la présence d'un paria ? Qui s'inquiètera de la disparition soudaine d'une pièce rapportée ? La vie d'étranger n'est pas aisée et ceux-ci ont donc tendance à se montrer solidaires, quelque soit leur histoire ou leur origine. Les vagabonds ne sont pas rares en leur sein, dormant sous les ponts, mendiants ou vendant divers talents pour subsister sans avoir à voler et risquer la potence. Quoi qu'il en soit, plus malins que beaucoup, endurcis et tenaces, ils s'en sortent toujours. Peut-être est-ce de là que vient la tendance des villageois à les comparer avec des rats. Bref, c'est un groupe hétéroclite mais où règne une entente qu'on pourrait qualifier d'indispensable à la survie, dans un milieu fermé où les conditions de vie sont souvent des plus rudes pour qui n'est pas de souche locale.
